Ma notoriété me vaut début 1991 la commande d’un article sur l’état de l’art en Intelligence Artificielle de la part du magazine scientifique Science et Vie. Cet article doit faire une ou deux pages.

Mais… le journaliste que la rédaction m’a adjoint pour superviser mon travail, Elias Awad, est chargé de veiller à la parfaite clarté de mon discours, qui leur paraît plutôt incroyable. Chaque fois que j’avance dans mon exposé une idée qui le surprend, il me demande de la démontrer. Au début, je lui dis : « Attention, si vous m’obligez à tout démontrer, ça va dépasser les 2 pages ! – Pas de problème, me répond-il ! Même si ça doit faire 4 pages, allez-y, si je ne comprends pas, le lecteur ne comprendra pas non plus. Vous devez être d’une clarté totale. » Du coup, je ne dis plus rien, je rédige docilement.

C’est ainsi que, de proche en proche et de semaines en semaines, à force d’exposer des idées nouvelles et de les démontrer, à force de références, d’illustrations, de captures d’écran et de schémas, l’article de 2 pages finit par faire …16 pages ! En toute (fausse) modestie, c’est un article fondateur sur l’IA et, je crois, le plus long de l’histoire de Science et Vie. Il démontre ce que doit être cette technique pour entrer dans le concret, c’est-à-dire dans l’entreprise, ce que personne n’avait fait auparavant.

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J’y raconte comment l’université française (Jean-Louis Laurière, Paris VI, avec son Pandora) a imaginé un concept génial en IA, prouvant que la théorie exprimée dans les publications scientifiques mondiales depuis 20 ans sur les systèmes experts et l’IA avait vu juste. Le concept génial, c’est la « logique d’ordre Zéro Plus », un programme qui copie notre logique quotidienne. Soit le syllogisme.

Dans mon exposé, je déplore que la recherche universitaire ait abandonné ce concept d’une limpidité évidente pour se lancer sur d’autres pistes sans débouchés visibles pour l’entreprise et donc pour l’humanité : des logiques non humaines et incompréhensibles. Le rédacteur en chef de Science et Vie est ravi de cet article et en trouve lui-même le titre : « Du zéro pointé au Zéro Plus ». Puis, il me propose d’en écrire d’autres pour Science et Vie …sur n’importe quel sujet !

Mon article paraît dans la revue de mai 1991. C’est alors que je reçois en plein plexus ma seconde démonstration de mépris universitaire ! Vous voulez toucher du doigt ce qu’est la suffisance et le mépris, ces deux défauts typiques du médiocre qui hait ce qui lui est supérieur ? L’université française, à travers deux de ses plus prestigieux organismes de recherche en intelligence artificielle, va vous faire vivre cette expérience étonnante ! Elle écrit à Science et Vie au titre du « droit de réponse » ! Et puis quoi encore ? Lisez les lettres qui suivent :

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Cette lettre est signée d’une des deux conceptrices de Pandora, un logiciel universitaire génial que j’encense dans l’article : Odile Paliès. A priori, elle devrait me remercier, mais on est dans l’administration : l’esprit de corps domine ! Elle se présente comme la position « officielle » de l’AFIA, l’Association Française de l’Intelligence Artificielle, à laquelle j’appartiens. Cette association insulte donc publiquement un de ses membres sans même s’être entretenue avec lui au préalable ! En résumé, elle m’accuse d’avoir écrit « un tissu de sottises »…

La 2ème lettre me désavoue avec un début d’argumentation louable mais qui démontre surtout que son auteur, Odile Paliès, n’a rien compris à ce qu’elle a développé sous la direction de son maître de thèse, Jean-Louis Laurière. En somme, en France, un chercheur privé comme moi peut adhérer à une association « officielle » de chercheurs – donc bourrée de fonctionnaires – sans que sa cotisation lui donne d’autre choix que de joindre sa voix à celles des fonctionnaires qui complotent contre lui ! Sans honte, Odile Paliès demande que Science et Vie publie sa lettre au titre du droit de réponse, prétendant avoir été « nominalement mise en cause » dans mon article, alors que l’article ne la cite pas disant au contraire le plus grand bien du travail réalisé par « deux thésardes » !

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Maintenant, vous allez rire : allez dans mon blog en 2005 pour voir ce qu’il reste de cette Afia arrogante 14 ans plus tard. Découvrez son nouveau style, plein d’humilité… L’Afia, une association de chercheurs, avoue alors ne plus savoir ce qu’est l’IA dont elle porte pourtant le nom ! Une association moribonde…Voilà où mènent la suffisance, la stupidité et le refus de l’écoute : à l’échec.

Dans le privé, une telle association aurait fermé ses portes depuis longtemps. Mais, nous sommes dans le public ! Cette association ne pourrait vivre avec le maigre l’argent des cotisations. Pas de problème ! Elle est financée par l’État et se sert de notre argent pour couler ses « concurrents » du privé !